Quelques mois après la Conférence sur le développement durable “Rio+20” et en pleine crise économique et financière, la CdP-11 s’est ouverte dans un silence médiatique. Pourtant les faits sur l’état de la biodiversité sont alarmants et l’agenda est chargé. Les négociateurs vont discuter des mesures à prendre afin d’implémenter les décisions de Nagoya adoptées il y a 2 ans, notamment: le Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (APA), le  Plan stratégique 2011-2020 et la stratégie de mobilisation des ressources financières.  Cette dernière étant transversale, on s’attend qu’elle soit au cœur de la conférence.

74 à 191 milliards de dollars par an pour atteindre les cibles d’Aichi dans les pays en développement

Ce sont les chiffres donnés par l’équipe d’experts travaillant sur l’évaluation des fonds nécessaires pour la sixième période de reconstitution du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Les discussions vont se poursuivre sur les points concernant les indicateurs de financement, les modes de financement et le besoin de mécanismes financiers novateurs (agences de développement vis-à-vis des mécanismes de marché), le chiffrage des besoins nationaux des pays en développement et les engagements chiffrés des pays développés.

5 ratifications depuis février 2011

Pour entrer en vigueur, le Protocole de Nagoya a besoin de 50 ratifications. Afin de sensibiliser et de renforcer les capacités pour soutenir l’entrée en vigueur et l’application rapides du Protocole, le Comité intergouvernemental pour le Protocole de Nagoya (CIPN) a adopté huit recommandations. Il a identifié aussi certains problèmes concernant par exemple le centre d’échange sur l’APA, le mécanisme multilatéral de partage des avantages et le projet sur les procédures de coopération et les mécanismes institutionnels propres à promouvoir le respect des dispositions du Protocole et à traiter les cas de non respect.

20 “cibles” à atteindre

Le Plan stratégique 2011-2020 a défini 20 objectifs (appelés “d’Aichi”) pour la protection de la biodiversité considérés comme l’une des réussites de la 10ème CdP. Deux ans plus tard il est toujours question de leur mise en œuvre au niveau national. Les discussions seront consacrées aux stratégies et plans d’actions nationaux propulsant l’Union européenne dans le rôle du leader. En effet, ses avancées, jugées insuffisantes par les ONG à l’intérieur de l’Union, sont appréciées au niveau mondial. A savoir que 13 pays seulement ont inclus les objectifs d’Aichi dans leurs plans nationaux et ont fixé des objectifs avec des dates limites. Pour sa part, l’UE compte avoir une discussion constructive sur les indicateurs et les mécanismes d’implémentation avec ses partenaires Australie, Canada, Japon. Des débats intenses mais probablement peu fructueux sont attendus sur le sujet des subventions néfastes pour la diversité biologique.

Enfin, lors de sa 16ème session, l’Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques (OSASTT) a adopté 15 recommandations qui vont être examinées par la CdP. Elles concernent entre autres la biodiversité marine et côtière et la biodiversité face au changement climatique. La protection de la biodiversité en haute mer représentera un autre sujet à débattre.

Quelques jours avant l’ouverture de la Conférence, la Commission européenne a publié sa proposition de législation de transposition du Protocole de Nagoya.

Pour aller plus loin

La 11e Conférence des Parties à la CDB : retour à la normale à Hyderabad?, IDDRI, 2012. 6 p.
The Nagoya Protocol on ABS: ratification by the EU and its Member States and implementation challenges, Veit Koester, IDDRI, 2012, 32 p.

Documents de la 11ème Conférence des Parties
– High-Level Panel on Global Assessment of Resources for Implementing the Strategic Plan for Biodiversity 2011-2020: documents

IUCN Position Papers
Overview of WWF Positions