Simone Veil et les 1ères élections directes du PE

L'élection de Simone VeilEn juin 1979 pour la première fois les citoyens des neuf pays membres élisent au suffrage universel direct leurs députés européens. Le scrutin de liste nationale “à la proportionnelle” adopté en France est propice à l’intégration des femmes sur les listes proposées par les partis.

Le président Giscard d’Estaing, l’un des instigateurs du recours au suffrage universel, incite Simone Veil à conduire une liste de l’UDF (Union pour la Démocratie Française) élargie. Par son parcours personnel, notamment sa déportation, Simone Veil pouvait être un symbole de la réconciliation franco-allemande et son combat pour l’adoption de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse en avait fait une figure libérale de premier plan.

Cette liste, intitulée “Union pour la France en Europe”, fait un score remarquable (27.61% des suffrages exprimés) mais les chances d’être élue au poste de Présidente étaient minces.

L’élection du Président

L'élection de Simone VeilNéanmoins, lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement à Strasbourg le 17 juillet 1979, conduite sous la présidence de la doyenne d’âge Louise Weiss, Simone Veil (Groupe Libéral, démocratique et réformateur) se présente contre:

• M. Amendola (Groupe Communiste et apparentés )
• M. de la Malène (Groupe des Démocrates européens de progrès)
• M. Zagari (Groupe Socialiste)
• Mme Bonino (Groupe des Non-inscrits).

À la suite du 1er tour de scrutin, M. de la Malène et Mme Bonino (qui ont obtenus respectivement 26 et 9 voix) se désistent. Aucune majorité absolue n’ayant été dégagée, un second tour est organisé. Sur les 377 votes exprimés, 47 vont à M. Amendola, 138 à M. Zagari et 192 à Mme Veil, qui recueille ainsi la majorité absolue : elle devient la première Présidente du Parlement européen élu au suffrage universel direct.

Video: Simone Veil election

 

Ses objectifs en tant que Présidente

La question de la durée du mandat n’ayant pas été tranchée avant de procéder au vote, l’élection est réalisée “sans préjuger de la durée du mandat”. C’est donc l’un des premiers dossiers auquel s’est attachée la Présidente nouvellement élue.

L'élection de Simone Veil

Simone Veil prononce quelques mots à la suite de son élection, mais le véritable discours d’ouverture de son mandat n’a été prononcé que le lendemain, 18 juillet 1979, dans le cadre de la séance solennelle du Parlement européen.

Son discours se voulut « le plus unitaire possible », elle y rend hommage à Louise Weiss, soulignant son combat pour les femmes, et à l’ex-président du Parlement européen, Emilio Colombo. Elle rappelle les missions et l’influence croissante du Parlement européen et l’importance du suffrage universel dans l’élection du Parlement. Trois défis sont à relever pour tous les états de la communauté : la paix, la liberté et le bien-être. Elle décline ces défis et en explique les enjeux. Elle souhaite travailler dans trois directions : l’Europe de la solidarité, de l’indépendance et de la coopération.

Simone Veil aborde les questions économiques et notamment les questions de l’emploi, de l’énergie, de la dépendance des pays producteurs de pétrole et de la monnaie. Il faut amplifier les efforts relatifs aux énergies nouvelles. Elle rappelle enfin l’importance des questions de budget et de la contribution du Parlement aux décisions législatives de la communauté. Elle termine son discours en évoquant les divisions qui doivent être dépassées et donner jour à un élan de solidarité.

Les femmes dans la politique

L'élection de Simone VeilL’élection de Simone Veil à la tête du Parlement européen incarne également un autre symbole : celui de la considération des femmes en politique. Simone Veil personnifie l’aboutissement de nombreuses années de lutte pour la conquête de fonction qui étaient, jusqu’alors, réservées aux hommes. En effet, seules deux femmes ont présidé le Parlement européen : Mme Simone Veil (de 1979 à 1982), et Mme Nicole Fontaine (de 1999 à 2002).

Simone Veil est invitée à plusieurs reprises à se prononcer sur ce thème. Comme elle l’explique fréquemment, sa place en tant que femme à la tête du Parlement européen à cette époque était vue comme une curiosité à l’extérieur de la Communauté, comme sans doute à l’intérieur.